2010 en… #4.

présentent

2010 en 10 albums de la muerte

Allez hop, cette année on fait comme dans les Bisounours et on décide que tout le monde est gentil et que tout le monde a gagné de manière pas pareille.

10 | Meilleur album par un duo en ticheurtes Led Zeppelin :
Blood Red Shoes — Fire Like This

J’adore parler d’album de la maturité. Ça veut rien dire, l’album de la maturité, tout au plus que tu fus une bande de jeunes délurés qui s’éclatait sans trop s’inquiéter de ce qui se passait en dehors de ses tournées, ses bières et ses groupies, jusqu’à ce qu’un monsieur très sérieux avec un costard et un cigare vienne expliquer que si tu nous sors pas bien vite un deuxième disque qui marche aussi bien que le premier, tu te fera virer de son label et là, bonjour pour se trouver de nouvelles tournées, bières et groupies. Automatiquement, tu stresses et neuf fois sur dix tu ponds une resucée de ton premier album et on te refuse le label qualité Maturité contrôlée par des professionnels.

Blood Red Shoes choisissent plutôt la dixième option et nous livrent donc leur « album de la maturité », plus sérieux, plus épais et plus tangible que le premier. Mais forcément moins hargneux. Fire Like This est plus réfléchi que son prédecesseur. Plus posé peut-être. Blood Red Shoes gagnent en crédibilité et perdent en spontanéité parce qu’ils sont MATURES, CQFD. Autre facette, efficacité différente, mais ça passe toujours bien, grâce à des Don’t Ask et des Light It Up taillés pour les radios. Le power trio, on peut décidément aussi le réussir à deux. [En photos →]

9 | Meilleure pochette épileptique :
The Black Angels — Phosphene Dream

Cette pochette est mortelle, regardez-là en gros. Vos paupières sont lourdes. Vous aimez le rock psychédélique texan, surtout depuis qu’il est devenu subitement lumineux et que ses singles ressemblent à Mirza de Nino Ferrer. Les Black Angels réussissent enfin, au bout de trois albums, à sortir de l’ornière sonique dans laquelle ils retombaient régulièrement depuis leur Passover de 2006 — un son profond, bien lourd, mortel mais qui se mordait la queue — pour livrer un album éclairé, varié et renouvelé, comme s’ils étaient subitement tous tombés amoureux et que quelques gouttes de rose venaient éclaircir leur noire marque de fabrique. On est bien content pour eux. [En photos →]

8 | Meilleur album décoré par la classe de CE1 de l’école élémentaire Charles Trénet de Tinqueux :
Archie Bronson Outfit — Coconut

Failli oublier celui-là après son premier extrait lâché en mars. Pas convaincu par Hoola, je passe outre, jusqu’à ce que le Laurent Garnier passe Wild Strawberries dans l’un de ses It Is What It Is d’octobre. Et de retrouver l’Archie Bronson Outfit des débuts : dérangé, malsain, oppressé, courant sur une perpétuelle brèche, la bande-son parfaite de quiconque s’est retrouvé en retard dans le métro après avoir pris trop de pillules roses. Sans en rester là, Coconut varie les joies. On va du survolté corrosif [You Have a Right to a Mountain / One Up on Yourself] à la fausse bossa-nova flegmatique [Hunt You Down], la fuite sous-marine [Harness] ou la fête foraine malsaine [Run Gospel Singer], où Coconut laisse déborder cette puérilité feinte affichée par sa pochette. De la belle ouvrage, grave. [En photos →]

7 | Meilleur album d’hiver :
Woodpigeon — Die Stadt Muzikanten

Parler d’album d’hiver est un peu réducteur, surtout sur une telle longueur. Quoiqu’il en soit, on a rarement fait mieux pour traverser le parc Montsouris par un matin froid et gris en regardant les coincoins patiner sur l’étang gelé. En 16 titres, Woodpigeon visite tout un panel de pop matinale (Morningside), hivernale (…And as the Ship Went Down, You’d Never Looked Finer), pluvieuse (Enchantée janvier) ou printanière (Empty-Hall Sing-Along), tapant dans la comptine vieillotte (Die Stadt Muzikanten) ou l’excitation estivale (My Denial in Argyle, le point culminant). Multiples déclinaisons de la douceur simplissime et infinie du Mark Hamilton, nounours folkeux en chef d’un combo aux orchestrations fortes cachées derrières des atours qui ne paient pas de mine. Si Fleet Foxes ne m’ont jamais vraiment touché, Woodpigeon, eux, me parlent. [En photos →]

6 | Plus belle paire de botte :
Black Rebel Motorcycle Club — Beat the Devil’s Tattoo

Black Rebel Motorcycle Club maîtrisent aujourd’hui parfaitement leur grand écart constant entre lourdeur crasse et blues lumineux mais commencent à sérieusement tourner en rond. Le son de Beat the Devil’s Tattoo est époustouflant, on est pris dedans et le tout à de la gueule, mais on peine à décoller. Manque à l’appel cette grâce créatrice atteinte sur Howl. Même si l’on reste au-dessus de Baby 81 et même si l’arrivée de Leah Shapiro derrière les fûts consolide l’ensemble comme il faut. Black Rebel Motorcycle Club collent au rôle de seconds couteaux dont on les a affublés mais s’en foutent, au final, car leurs tournées restent blindées et leurs shows dantesques. Pour ma part, Je reste subjectif et je les fous là dans mon classement en me cachant bien derrière l’irréfutable argument qu’un groupe capable de pondre les échos du riff plombé qui ouvre Martyr dans une telle vibration de boyaux mérite tout le respect du monde. [En photos →]

5 | Meilleur album par un groupe en Black :
The Black Keys — Brothers

Brothers ou le Nevermind de l’Ohio : un groupe brut se présente sous un jour plus poli grâce à un album accessible par les masses, sans pour autant que leur public de base ne le décrient [trop]. Les Black Keys poussent leurs limites petit à petit (Danger Mouse aux manettes d’Attack & Release and 2008 ou le machüpe blues — hip-hop Blackroc en 2009) et ça finit par se sentir ; on l’a vu au Bataclan, leur public est aujourd’hui bien habillé et très branchouille, comparable à celui des Kills, là où en 2007 l’on ne voyait qu’une poignée de barbus à chemises à la Cigale pour soutenir le duo, à l’époque bien plus touffu. 2010 les aura même vus apparaître sur la BO de Twilight — avec une foule d’autres, cela étant — en se faisant passer pour les cousins d’Alicia [Alicia Keys. Ahah. Hum]. Démocratisation ou prostitution ? Comme tu veux. Reste que le duo d’Akron se résume ici brillamment et, surtout, offre une porte d’entrée de choix à leur discographie déjà riche. [En photos →]

4 | Meilleure coiffure :
The Dead Weather — Sea of Cowards

Et Jack White et son — énième — groupe prirent donc bonne note de tout ce qu’on avait reproché à leur premier album — noirceur, difficulté d’accès, bâclage, absence de réel single, déstructuration abusive — et poussèrent ces défauts encore plus loin sur le deuxième. On se retrouve donc avec un Sea of Coward imbittable de prime abord, totalement inadapté aux zappages incessants de notre génération MP3 — pas étonnant de la part de White, oui —, une génération qui cherche plutôt des concentrés de musique qu’à se concentrer sur la musique. Sea of Cowards est un entassement hétéroclite de sons sans queue ni tête, traînés dans la crasse et le cambouis par les guitares plombées et les orgues erratiques que chevauchent tour à tour les voix d’une Allison Mosshart brute de fonderie et d’un Jack White déluré. Et le pire, pour peu qu’on prenne le temps de le poser sur sa platine vinyle et de le laisser vaincre, c’est que ÇA MARCHE, ça épate le chaland et ça se pose une fois de plus comme l’une des meilleures réussites de l’année. Rien que ça. [En photos →]

3 | Meilleur album de barbus électriques :
Grinderman — Grinderman 2

Le seul défaut de cet album, c’est sa pochette inspirée d’un ticheurte Johnny Halliday. Pour le reste, tout le nécessaire y est : son qui prend aux tripes, mélodies sournoises, complicité d’une bande qui joue ensemble depuis des années et se connaît par cœur. On dit que le Nick Cave a vieilli et s’amollit, peut-être, mais après tout je m’en fous puisque j’ai loupé Grinderman 1 en 2007 et la plupart des trucs qu’il a sorti ces dernières années. Ici, Grinderman 2 c’est du neuf, du lourd et du bon, point. [En photos →]

2 | Meilleur album découvert un an en retard :
Florence and the Machine — Lungs

Comme expliqué lundi, c’est pas de ma faute si j’ai du retard et vivent les rousses. Florence Welch et sa troupe ont frappé fort avec ce premier album, réussissant le pari de raviver tout un pan des années 80 qu’on pensait — avec joie — enterré à tout jamais, et procurant une dimension lyrique et spatiale à ta vie dès que tu te le mets dans les oreilles, fut-ce pour sortir les poubelles. Lungs est varié, riche sans en faire des caisses et dévoile tout un univers qu’il fera bon regarder se développer. Franchement, chapeau. [En photos →]

1 | Meilleur album de dimanche après-midi pluvieux :
Arcade Fire — The Suburbs

 

Le classement annuel d’album est un sport qui se joue à disque contre disque et où à la fin, c’est toujours Arcade Fire qui gagne
[Ou un truc comme ça]

Gary Lineker, 1990.

C’est affreusement vrai. C’est toujours Arcade Fire qui gagne.

  • Même quand ils prennent comme thème les banlieues.
  • Même quand ils pondent un fagot de chanson aussi gaies qu’un dimanche de pluie.
  • Même quand ils habillent le tout avec un décor de vieux drive-in.

Et même quand l’ensemble fait un peu la gueule à côté de la pompeuse grandeur de son prédécesseur et des souvenirs que ce dernier laissa derrière lui (Cf. 2007).

J’ai beau chercher à l’expliquer, je ne trouve rien. Ce disque en a déçu beaucoup à son arrivée, il était loin de m’emballer, je n’aurais pas parié dessus une seconde et le voilà en tête de liste. Bien sûr Empty Room, Ready to Start ou We Used to Wait, mais d’un autre côté Rococco, sérieusement, Rococo, et ce Deep Blue qui sonne comme un William Sheller, ça devrait être carton rouge, mais non, malgré ça The Suburbs squatte les platines, les écouteurs et l’année entière jusqu’à s’imposer sans crier gare. Faut pas chercher à comprendre. [En photos →]

Et puisque tout le monde a gagné, on continue :

  1.  Meilleure hygiène dentaire : The Black Box RevelationSilver Threats
  2.  Meilleur copains : JapandroidsPost-Nothing
  3.  Meilleur photo de pochette : Isobel Campbell & Mark LaneganHawk
  4. Meilleur album livré en un mois : I’m from Barcelona27 Songs from Barcelona
  5. Meilleur album que le précédent : Kings of LeonCome Around Sundown
  6.  Meilleur album à l’ouest du Röstigraben : The Young Gods [CH]— Everybody Knows
  7.  Meilleur album pré-noté pour Rock & Folk : The Greenhornes★★★★
  8.  Meilleur album par un ex-batteur : Love Amongst RuinLove Amongst Ruin
  9. Meilleur album dont on veut épouser la chanteuse : The LikeRelease Me
  10.  Meilleur album livré en un an : AshThe A-Z Series

Et on n’oublie pas les hors-concours pour conclure :

  •  Meilleur album live à écouter dans un pub : Flogging MollyLive at the Greek Theatre
  •  Meilleur album live avec de belles bottes : Black Rebel Motorcycle ClubLive in London
  •  Meilleur album live enregistré chez les traîtres et les faux-jetons : The White StripesLive under Great White Northern Lights
  •  Plus grosse déception cosmique : InterpolInterpol
  •  Meilleur lol-cosmocat : KlaxonsSurfing the Void

avec

les supermarchés

2009 en 10 albums pas croyables

      1. Kasabian — The West Ryder Pauper Lunatic Asylum
      2. The Dead Weather — Horehound
      3. The Yeah Yeah Yeahs — It’s Blitz!
      4. The Black Box Revelation — Set Your Head on Fire
      5. Mumford & Sons — Sigh No More
      1. Franz Ferdinand — Tonight: Franz Ferdinand
      2. The Pains of Being Pure at Heart The Pains of Being Pure at Heart
      3. The Hard Lessons — Arms Forest
      4. Pete Yorn & Scarlett Johansson — Break Up
      5. The Raveonettes — In and Out of Control

2000 en 3 disques bien vieux maintenant

      1. The Dandy Warhols — Thirteen Tales from Urban Bohemia
      2. Buckcherry — Buckcherry
      3. Pearl Jam — Binaural